Commentaires sur l'intervention d'Olivier Bernard
à Tout le monde en parle du 27 novembre 2016
par André Saine, N.D., F.C.A.H.
Je suis tout à fait d'accord avec Olivier Bernard quand il dit, "Les médias et les personnalités publiques ont une responsabilité. Lorsqu'on affirme quelque chose de lourd, on a la responsabilité de l'appuyer sur des faits."
En science, une théorie doit être induite par l'accumulation de faits prouvés par l'observation et l'expérience. Par contre, que doit-on penser quand monsieur Bernard affirme publiquement que "L'homéopathie est une insulte à l'intelligence humaine," tandis que son raisonnement est essentiellement basé sur deux arguments théoriques qui font fi des faits?
Le premier argument théorique de monsieur Bernard est que l'homéopathie n'est pas plausible. La plus grande et la plus convaincante preuve qu'il existe une présence médicinale et un pouvoir curatif dans les médicaments à hautes dynamisations préparés à des fins homéopathiques est que les malades guérissent de façon douce et certaine.
C'est au procès de l'observation et de l'expérience que l'homéopathie fait appel. Une opinion prévaut dans une certaine mesure que l'homéopathie a été effectivement examinée par ces sceptiques et a été trouvée par eux comme étant fausse en principe et inefficace dans la pratique. Les faits sont bien différents. En effet, depuis plus de deux cents ans tout praticien qui a examiné équitablement, complètement et pratiquement l'homéopathie l'a adopté.
Les sceptiques qui affirment qu'ils ont fait un examen avec de tels résultats n'ont pas une conception adéquate de ce qui est impliqué dans leur déclaration. Il est implicite qu'ils ont pris à maintes reprises et administré une variété de nos médicaments à hautes dynamisations, à petites doses, et toujours sans aucun effet, soit en produisant des symptômes chez les personnes sensibles ou en enlevant des symptômes chez les personnes malades; deuxièmement, qu'ils ont pris des doses, en nombre et en ampleur suffisants pour produire de nombreux symptômes, et que ces symptômes différaient entièrement de ceux enregistrés par Hahnemann et ses disciples; troisièmement, que de nombreux médicaments, dont chacun était connu par eux comme étant capables de produire de nombreux symptômes, ont été donnés séparément par ces praticiens sceptiques à de nombreux patients, dont chacun des cas était spécialement caractérisé par de nombreux symptômes pouvant être produits par le médicament administré et que le médicament administré en assez petites doses et à des intervalles suffisants n'a ni guéri ni bénéficié aux malades.
La première classe d'expériences ci-dessus indiquée, si honnêtement et judicieusement faite, vérifie l'efficacité des doses de médicaments à hautes dynamisations; la seconde classe vérifie la matière médicale homéopathique; et la troisième classe, le principe de similitude qui est la clé de voûte de l'homéopathie.
Des dizaines de milliers de médecins orthodoxes qui ont méticuleusement fait ces expérimentations ne sont pas restés indifférents puisqu'ils ont publiquement adopté l'homéopathie pour le reste de leur carrière professionnelle, même si cela signifiait d'être systématiquement ostracisés par leurs amis et collègues. En contrepartie, il est intéressant de noter le fait qu'en plus de deux cents années d'existence l'homéopathie n'a connu que 2-3 médecins hérétiques, c'est-à-dire des médecins qui ont renié la véracité de l'homéopathie après avoir affiché le titre de médecin homéopathe.
Le deuxième argument théorique de monsieur Bernard et des sceptiques en général tient à ce que l'homéopathie doit sa popularité à l'effet placebo. Ils ne cessent de répéter qu'évidemment l'effet placebo n'est pas négligeable, puisqu'on observe sous cet effet des taux de réussite de plus de 30 pour cent!
Ce raisonnement est basé sur une méta-analyse qui a été publiée en 1955 et qui concluait qu'environ 35% des patients, et plus particulièrement ceux qui souffraient de douleur, réagissaient de manière satisfaisante à un placebo. Ce chiffre a été considéré comme un fait scientifique et a beaucoup marqué la recherche pharmaceutique jusqu'en 1997 lorsque des scientifiques ont revisé la méta-analyse de 1955. Depuis, plus les scientifiques examinent de près cette question, plus l'effet placebo devient de plus en plus cliniquement insignifiant. Finalement, en 2010, la collaboration Cochrane concluait qu'il n'avait pas trouvé en tout et partout que les interventions placebo avaient des effets cliniques importants.
Il est connu depuis au plus de 150 ans que la mortalité des patients qui souffrent de pneumonie acquise dans la communauté est bien moindre chez ceux qui sont traités par l'homéopathie que par la médecine officielle. En effet, une révision de la littérature a révélé que la mortalité chez plus 25,000 patients traités en homéopathie n'était que de 3.4%, tandis qu'elle était de 24% sous les traitements de la médecine officielle avant l'ère des antibiotiques, de 21% sous l'expectation, c'est-à-dire l'absence de traitement, et est aujourd'hui de 14% sous l'ensemble de l'arsenal thérapeutique de la médecine moderne malgré le fait qu'elle bénéficie des progrès des soins infirmiers importants chez ces malades tels que l'hydratation, la nutrition et l'oxygénation. Ce taux de 14% de mortalité sous la médecine moderne d'aujourd'hui n'inclut pas la mortalité des patients atteints de pneumonie acquise en milieux hospitaliers, qui se chiffre souvent au-dessus de 50%.
En fin de compte, doit-on se fier davantage aux témoignages de plusieurs centaines de milliers de praticiens qui ont méticuleusement mis l'homéopathie à l'épreuve et ont rapporté des résultats tout à fait extraordinaires, ou doit-on se fier davantage aux deux arguments principaux des sceptiques, dont le premier soutient que l'homéopathie n'est pas plausible sans pour autant le soutenir par une expérimentation scientifiquement valable, et dont le second est basé sur une compréhension erronée de l'importance clinique de l'effet placebo?
La réponse à cette question n'est certainement pas négligeable, puisqu'aujourd'hui c'est en fait une question de vie ou de mort pour au moins 11% des patients atteints de pneumonie acquise dans la communauté. Plus être, le taux de mortalité de la pneumonie n'a cessé d'augmenter depuis quelques décennies, c'est-à-dire qu'il a passé de 11.2 pour chaque 100,000 personnes de population en 1979 à 13.2 en 1998 et à 15.7 en 2011. Et cela ne se fait pas à un moindre coût puisqu'en 2005 le traitement des patients atteints de la pneumonie a coûté plus de 40 milliards de dollars à l'économie américaine, ce qui correspondrait à près d'un milliard à l'économie québécoise.
André Saine, N.D.
Président de l'Association de médecine naturopathique du Québec
Membre du Syndicat professionnel des homéopathes du Québec
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